Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/278

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On avait envoyé aux différents postes l’ordre de cesser le feu ; cet ordre n’était point parvenu. Les fourriers des compagnies postées sur la place du Carrousel, avaient été chargés de copier la proclamation du maréchal, et l’avaient copiée en effet, les uns sur leurs genoux, les autres sur des tambours mais la fusillade n’en continuait pas moins devant la colonnade du Louvre et ailleurs, avec une extrême vivacité. Un mois et demi de solde fut alloué à chaque militaire, et la distribution, que rendait possible la proximité du trésor, se fit à l’instant même sur la place du Carrousel. On braqua une pièce de huit à l’entrée de la rue de Rohan. Enfin, des soldats du 6e de la garde, établis dans les maisons qui avoisinent le Palais-Royal, s’y préparèrent à soutenir l’assaut. Car la masse des assaillants grossissait ; le mugissement de la ville s’étendait de plus en plus, et, dans la rue Richelieu, les barricades, se rapprochant des soldats avec une rapidité surprenante, devenaient des tranchées d’attaque.

L’audace des chefs royalistes ne répondait ni au caractère menaçant des mesures prises, ni à la gravité du péril. Le duc de Raguse refusa formellement aux artilleurs l’autorisation de mettre le feu à la pièce de la rue de Rohan, et un jeune officier du 6e de la garde étant venu lui demander de lancer quelques boulets sur le quai Voltaire, « Eh ! Monsieur, répondit le maréchal avec colère, vous voulez donc détruire cette ville de fond en comble ! »

Quant aux dignitaires du royaume, aux pairs de France, ils n’étaient occupés en ce moment qu’à se