Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/284

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portes d’hôtel garni et criant : « À nous l’École ! » Un rassemblement s’était formé sur la place de l’Odéon. Il fallait des armes. Une voix s’éleva : « A la caserne de la rue de Tournon ! » Un instant après, cette caserne était envahie ; les gendarmes fuyaient, et les premiers occupants jetaient à la foule avide, à travers la porte entre-bâillée, sabres, épées, gibernes, fusils et mousquetons. Chaque élève de l’École polytechnique, à mesure qu’il recevait une arme, criait : « Qui veut me suivre ? » Et aussitôt des groupes de vingt, trente ou quarante ouvriers couraient se ranger derrière lui ; le tambour battait et on se mettait en marche. De ces détachements, l’un courut enlever aux Suisses le poste de la place Saint-Thomas-d’Aquin ; un autre alla s’emparer d’un magasin à poudre situé près du Jardin des Plantes ; un troisième, de deux à deux cent cinquante hommes, se dirigea sur un dépôt de la garde royale, place de l’Estrapade. Les soldats se montrèrent aux fenêtres, le fusil à la main. On leur cria : « Ne tirez pas, il ne sera fait aucun mal. » La colonne avançait toujours. Profitant de ce moment d’hésitation, un jeune homme, nommé d’Hostel, grimpa rapidement à la fenêtre. Il dit à l’officier quelques mots qu’on n’entendit pas ; mais à l’instant même, on vit celui-ci ôter son habit et en revêtir le jeune homme qu’il serra dans ses bras. Le poste fut évacué et les armes furent livrées au peuple.

Une scène à peu près semblable eut lieu à quelques pas du Panthéon, à la prison de Montaigu. Le commandant du poste avait rangé sa troupe en bataille dans la rue. Le brasseur Maës, du faubourg