Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/352

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qu’il venait de recevoir eût jeté quelque trouble dans ses pensées : « Songeons aussi, ajoutait-il avec exaltation, à la liberté de la presse. Il y va du salut de la légitimité. Une plume ! deux mois ! et je relève le trône. » Illusions de poète. Les ambassadeurs de la bourgeoisie entrèrent, demandant pour leur élu la lieutenance générale du royaume ; et du sein de cette assemblée de ducs, peu de voix s’élevèrent en faveur d’une puissance qui était à son déclin. C’est que la bassesse humaine se réfugie volontiers sous l’éclat des hautes positions. Les trahisons les plus illustres sont les plus fréquentes.

Cependant, au Palais-Bourbon, on attendait avec anxiété le retour des commissaires. M. Dupin faisait entrevoir tout ce qu’avait de périlleux la situation violente de Paris. M. Kératry demandait qu’une décision fut prise ; et Benjamin-Constant, que cette décision fût radicale. Enfin, de l’Hôtel-de-Ville où mille rumeurs diverses venaient l’assiéger, Lafayette envoyait dire aux députés de ne pas se hâter, et de ne pas livrer sans conditions la couronne. Sur ces entrefaites, les commissaires parurent. Le général Sébastiani rendit compte de la manière dont ils avaient accompli leur mission ; et lui qui, ce jour là même, avait prononcé ces mots : Il n’y a de national ici que le drapeau blanc, il rédigea, de concert avec Benjamin-Constant, la déclaration suivante :

« La réunion des députés actuellement à Paris a pensé qu’il était urgent de prier S. A. R. le duc d’Orléans de se rendre dans la capitale pour y exercer les fonctions de lieutenant-général du royaume, et de lui exprimer le vœu de conserver