Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/397

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mais son regard semblait les interroger sur le motif de leur visite. Ils furent étonnés, et M. Boinvilliers, prenant la parole, désigna celui qui était venu, au nom du lieutenant-général lui-même, les inviter à une semblable démarche. M. Thiers parut légèrement embarrassé, et le duc répondit d’une manière équivoque. Ces puérilités servirent de prélude à une conversation grave.

« Demain, dit M. Boinvilliers au prince, demain vous serez roi. »

À ces mots, le duc d’Orléans fit presqu’un geste d’incrédulité. Il dit qu’il n’avait pas aspiré à la couronne, et qu’il ne la désirait pas, quoique beaucoup de gens le pressassent avec ardeur de l’accepter.

« Mais enfin, continua M. Boinvilliers, en supposant que vous deveniez roi, quelle est votre opinion sur les traités de 1815 ? Ce n’est pas une révolution libérale, prenez-y garde, que celle qui s’est faite dans la rue, c’est une révolution nationale. La vue du drapeau tricolore, voilà ce qui a soulevé le peuple, et il serait certainement plus facile de pousser Paris vers le Rhin que sur Saint-Cloud. »

Le duc d’Orléans répondit qu’il n’était point partisan des traités de 1815 ; mais qu’il importait de garder beaucoup de mesure vis-à-vis des Puissances étrangères, et qu’il y avait des sentiments qu’il ne fallait pas exprimer tout haut.

La seconde question que M. Boinvilliers lui adressa, était relative à la pairie.

« La pairie, disait M. Boinvilliers, n’a plus de ra-