Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/440

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demandait s’il n’était pas entre Charles X et le duc d’Orléans l’intermédiaire de quelque correspondance secrète. Tout cela servait à augmenter l’hésitation.

Le général Vincent avait désapprouvé les ordonnances ; mais il jugeait que ceux qui les avaient faites, se devaient au moins de les soutenir avec vigueur. Sachant ce qui se passait, et que les Parisiens étaient en route pour Rambouillet, il se mit en devoir de prendre l’offensive ; mais comme il donnait l’ordre de marcher, le général Bordesoulle vint lui dire, de la part du roi, d’arrêter le mouvement.

Il n’y avait pourtant plus pour la royauté que deux partis à prendre : fuir ou avancer. A dix heures du matin, en effet, le colonel Poque était arrivé aux avant-postes, et on l’avait vu, laissant derrière lui une petite bande d’insurgés qu’il commandait, venir planter un drapeau tricolore dans la grande avenue, à quelques pas d’un peloton de gardes-du-corps. Il s’annonçait comme parlementaire, et il avait envoyé demander une entrevue. Le général Vincent, sous les ordres duquel M. Poque avait été maréchal-des-logis en 1814, se refusa formellement à des pourparlers qu’il croyait dangereux et, après plusieurs refus successifs, il menaça M. Poque de le faire coucher en joue, s’il ne consentait à se retirer. M. Poque n’avait en ce moment auprès de lui qu’un brigadier de cuirassiers qui s’était rangé du côté de l’insurrection, et qui l’avait suivi. Il engage ce brigadier à se retirer : mais celui-ci refuse ; et lui-même il croise les bras avec une froide intrépidité