Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/441

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Feu ! crie alors la général Vincent aux Suisses qui bordaient la route. Le cheval du brigadier est tué, et le colonel Poque reçoit une balle à la cheville du pied gauche. On le fit transporter aux communs du château.

En apprenant cette nouvelle, Charles X témoigna la plus vive émotion. Il envoya exprimer ses regrets au colonel par le général Trogoff, et le fit soigner par son propre chirurgien. Madame de Gontaut, de son côté, rendit visite au blessé, et se chargea d’écrire à la mère du colonel Poque, au fond, des Pyrénées, pour la rassurer sur l’état de son fils. Qu’on juge de l’impression que des scènes de cette nature devaient laisser dans l’esprit du soldat !

Telle était la situation morale de la famille royale et des troupes, lorsque les Parisiens s’étaient mis en marche pour Rambouillet. Ce fut à l’issue de son dîner, que Charles X fut instruit de leur approche. Les courtisans disparurent l’un après l’autre, et quelques-uns avec une précipitation si honteuse, qu’ils oublièrent leurs chapeaux à plumes blanches. MM. Maison, de Schonen, Odilon-Barrot, arrivèrent à neuf heures. On les introduisit au château, après leur avoir fait parcourir lentement le parc, afin qu’ils pussent juger par eux-mêmes des forces dont Charles X était encore en état de disposer.

Charles X les reçut avec une brusquerie qui n’était point dans ses habitudes. Sa sérénité ne l’avait point abandonné, tant que l’orage n’avait grondé que sur sa tête et sur celle de son fils. Sa dévotion, je l’ai dit, lui faisait regarder son malheur comme un châtiment que lui infligeait la Providence. Mais