Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/447

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tomba frappé par une balle égarée. Mêlé à ces vainqueurs en débandade, M. Degousée, qui avait essayé de les rallier sur la route, fut poussé par le flot jusque dans le château de Rambouillet, où son premier soin fut de s’assurer des diamants de la couronne, dont la valeur s’élevait à 80 millions. Le fourgon qui les renfermait, laissé dans une cour des communs, avait été scellé en présence des commissaires, et le dernier dépositaire de ce trésor, le maire de Rambouillet, en avait remis les clefs au maréchal Maison. En présence des fonctionnaires de la ville et de plusieurs officiers, M. Degousée reçut le fourgon et en donna décharge. Mais craignant qu’on ne brisât les voitures de l’ex-roi, il imagina de les faire servir à ramener les plus turbulents de l’expédition. En un moment, les carrosses dorés aux armes royales furent remplis d’hommes du peuple qui donnaient issue par les portières à la longueur des piques et des baïonnettes.

En attendant, le général Pajol, resté à Coignière, fit prévenir les paysans de l’endroit qu’ils n’avaient qu’à présenter, avec certification du maire, l’état des réquisitions irrégulières frappées sur eux, et qu’ils seraient indemnisés sur-le-champ. Sur cet avis, un grand nombre de villageois accoururent. La caisse de l’expédition pourvut à toutes les exigences. Un amis du général Lafayette, M. Cassan, venait d’être improvisé payeur-général. Les indemnités promises furent payées. Bientôt parut une voiture que surmontait un petit drapeau tricolore sur lequel on avait écrit en lettres noires : Diamants de la couronne. Le signal fut donné alors, et on se remit en route.