Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/446

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gements. Pour faire ses derniers adieux aux exilés, la garde se mit en bataille sur la route. Quand Charles X passa, le tambour battit comme pour un roi qui passe, et les drapeaux s’inclinèrent.

Instruit du départ de Charles X, le général Pajol donna l’ordre de la retraite. Cet ordre fut mal accueilli. Des républicains, qui lisaient partie de l’expédition, eurent un moment la pensée de rassembler dans cette foule trois cents hommes parmi les plus braves et les plus résolus. Ils se seraient mis a leur tête, et seraient rentres dans Paris, en criant à la trahison. L’occasion était favorable pour un coup de main : l’ivresse des âmes, l’incertitude des événements, la réunion sur un même point de tout ce que la capitale contenait d’esprits remuants, d’existences inoccupées et amoureuses de l’imprévu, que d’éléments de succès offerts à l’audace ! Mais ce projet n’eut pas de suite. Ceux qui, l’avaient conçu ne purent ni se réunir ni se concerter. Et puis, même parmi les plus défiants, cette opinion s’était accréditée, qu’on descendait une pente sur laquelle les traîtres eux-mêmes seraient irrésistiblement entraînés, et qu’enrayer une semblable révolution était impossible.

Quoi qu’il en soit, un grand nombre de volontaires, irrités de leurs fatigues, devenues stériles, refusèrent d’obéir à l’ordre de retraite, et coururent à Rambouillet, où le général en chef fut forcé de les suivre pour empêcher le désordre. Ils se mirent à parcourir tes rues, ivres de joie, et tirant au hasard des coups de fusil qui célébraient leur facile triomphe. Un des leurs, placé en faction à la Verrerie,