Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/462

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clore la révolution, et gagner à la coure, en même temps que la couronne, tout ce qui pouvait servir à la consolider et à l’abriter ? Voilà ce que le duc d’Orléans comprit, et il confia à MM. Guizot et de Broglie le sein de substituer un pacte définitif à une proposition indécise. Du reste, comme on se défiait de M. Bérard à cause de l’attitude énergique qu’il avait prise dans la révolution, et qu’on doutait de son obéissance, on l’écarta deux fois de suite du conseil, où cependant on lui avait promis de l’appeler, pour qu’il pût discuter son travail. Déjà l’on n’acceptait plus que des dévouements sans réserve.

Aussi bien, les flatteurs accouraient en foule autour du trône nouveau. Chacun de vanter ses services de la veille, en y ajoutant la promesse des services du lendemain. Il y eut pendant quelques jours, dans toutes les avenues du pouvoir, une fièvre d’avidité, un débordement de vanteries et de bassesses dont il serait difficile de donner une idée. Seuls, les hommes qui avaient payé de leur personne dans la révélation montraient une dignité modeste. Douze ou quinze croix ayant été offertes à l’École polytechnique, les élèves, réunis dans un amphythéâtre, délibérèrent sur ce qu’il y avait à répondre à cette offre, et décidèrent à l’unanimité que les croix seraient refusées. Ils arrêtèrent aussi que ceux d’entr’eux qui auraient des habits bourgeois dépouilleraient l’uniforme, afin qu’on ne les confondît pas avec les traîneurs de sabre et les gens de parade.

A mesure qu’on s’éloignait de la révolution, Paris devenait un immense foyer d’intrigues. Les places