Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/463

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étaient courues avec une ardeur dont rien n’arrêtait le cynisme. Les voitures publiques versaient à Paris, chaque jour et à chaque heure du jour, une foule de solliciteurs venus du fond des provinces pour se partager les premières faveurs. C’était partout une cohue hideuse. Toutes l’écume de la société flottait à sa surface. Parmi ceux qui, sous la Restauration, avaient occupé les emplois, beaucoup crurent pouvoir sans honte les défendre contre les candidats arrivés par le coche. De tous côtés, les défections se négocièrent en présence des pétitions qui affluaient de tous côtés. On entendit alors nombre de royalistes crier anathème à M. de Polignac, et dénoncer violemment, pour se ménager la ressource d’une trahison, ce qu’ils appelaient la folie des ordonnances. Elles avaient paru moins folles à ces royalistes indignés, le jour où on les publia. Un fait très-remarquable, et que fit connaître le dépouillement de la correspondance au ministère de l’intérieur, c’est que presque tous les préfets s’étaient prononcés pour les ordonnances. Un seul avait déclaré qu’il ne les mettrait pas à exécution : c’était M. de Lascours, préfet des Ardennes, qu’il donna sa démission sur-le-champ. M. Alban de Villeneuve, préfet du Nord, s’était soumis aux ordonnances, tout en témoignant son regret de voir la royauté engagée dans une telle voie. MM. Sers, préfet du Puy-de-Dôme, Rogniat, préfet de la Moselle, Lezay-Marnésia, préfet de Loir-et-Cher, n’avaient pas dissimulé les dangers qui pouvaient naître de la suspension de la charte. Préfet depuis la création des préfectures, M. de Jessaint n’avait fait aucune observation. Les ministres