Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/473

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La délibération allait commencer. M. Demarçay se lève avec indignation que signifie cette souveraineté furtive que la chambre s’arroge ? Qu’est-ce que ce roi qu’on prétend faire en cachette ? L’usurpation paraissait, surtout, flagrante à M. de Cormenin, dont l’inexorable logique devait, plus tard, porter des coups terribles à la dynastie nouvelle. Enfin la discussion est ouverte sur le rapport de M. Dupin, relatif à la proposition Bérard. MM. de Conny et Hyde de Neuville expriment de courageux regrets sur la famille déchue, sur cette race de rois si souvent et si rudement frappée. Le dernier produit une impression profonde sur l’assemblée, lorsque, parlant d’une aussi terrible catastrophe et des insensés qui l’ont amenée, il ajoute : « Je ne trahirai point le malheur de ceux que j’ai servis depuis mon enfance. Je ne puis rien contre un torrent, mais du moins j’adresse des vœux au ciel pour le bonheur et les libertés de la patrie ! » MM. Benjamin Constant et de Laborde répondent avec mesure à ces deux discours, tout en repoussant d’une manière énergique le principe de la légitimité. M. Berryer reconnaît à la chambre le droit de modifier la constitution, mais non celui de changer la dynastie. « L’intérêt premier, répond M. Villemain, est à la fois que le trône soit occupé et que les libertés publiques soient garanties. » M. Villemain, le 30, avait déclaré solennellement qu’il ne se croyait pas le droit de disposer de la suprême puissance. Mais la force, qui se déplace, conserve toujours des adorateurs !

La première partie de la proposition Bérard, mo-