Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/476

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mage rendu à la souveraineté du peuple, ce qui eut lieu réellement lors de l’impression de la charte nouvelle. Supercherie grossière, que dans le conflit des hommes et la confusion des choses, personne alors ne remarqua !

L’assemblée passe à la révision de quelques articles de la charte, qu’elle examine à la hâte. La suppression de l’article 6, qui déclarait la religion catholique religion de l’État, soulève cependant une vive contestation. Les uns veulent, avec la commission, que la religion catholique soit déclarée la religion de la majorité des Français. Cette constatation, que Benjamin Constant trouve puérile et oiseuse, est demandée ardemment par M. Charles Dupin, qui y voit un acte de haute politique, et invoque en faveur de son opinion le fanatisme, si facile à alarmer, des populations du midi. M. Viennet s’élève contre le préjugé qui flétrit les Israélites : il voudrait que les ministres de tous les cultes fussent rétribués par l’État. Des balancements de la chambre sort enfin l’article suivant :

« Les ministres de la religion catholique, apostolique et romaine, professée par la majorité des Français, et ceux des autres cultes chrétiens, reçoivent des traitements du trésor public. »

Cette rédaction indécise ne devait satisfaire ni les catholiques, ni les protestants, ni les Français des autres cultes : les premiers, parce que leur religion n’était plus celle de l’État ; les seconds, parce que la loi constatait injurieusement leur minorité ; les autres, parce que la loi, ne désignant que les cultes chrétiens, paraissait n’accorder qu’à ceux-ci