Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/88

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la liberté de la presse et de la liberté individuelle. Qui ne se souvient de la pétition de Melle Robert et des débats orageux qu’elle souleva ? Comment ! on avait osé frapper M. Robert d’une arrestation arbitraire ! On était allé jusqu’à supprimer son journal ! Mais qu’allait devenir la presse s’il était loisible au pouvoir de lui porter d’aussi terribles coups ? De quels dangers la société n’était-elle pas menacée si on donnait cette élasticité au régime du bon plaisir ? Voilà les discours qui retentirent d’un bout de la France à l’autre. Et par qui étaient-ils tenus, ces discours ? Par les ultra-royalistes. Or, il est à noter que l’excessive rigueur déployée contre M. Robert avait sa source dans un pamphlet, qu’on disait sorti de ses presses, et dans lequel la majesté royale était traînée dans la boue.

Pendant ce temps, voici le rôle que jouaient les libéreux. M. Decazes préparait, présentait à la chambre, appuyait et faisait appuyer par ses amis le système de la censure, des arrestations préventives, des lois d’exception. M. Villemain exerçait sur la presse une surveillance inquiète et supprimait des journaux en se jouant. M. Royer-Collard, qui ne passait pas pour ultra-royaliste, se prononçait hautement pour la prééminence du pouvoir royal, et répondait en ces termes à M. de Castelbajac, au sujet de la liberté de la presse : « On ne doit pas méconnaître que là où il y a des partis, les journaux cessent d’être les organes des opinions individuelles, mais que voués aux in-