Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/98

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la tribune de la chambre des pairs, la proposition Barthélemy ; M. Decazes qui avait forcé le duc de Richelieu à la retraite, pour garantir de toute atteinte ce même système électoral qu’il s’agissait maintenant de détruire. Mais le favori était mal conseillé par son ambition. Lorsqu’on change de drapeau, il faut donner des gages au parti qu’on embrasse : M. Decazes fut obligé de suspendre la liberté individuelle. La loi qui annonçait d’une manière si éclatante la défection du ministre fut flétrie du nom de loi des suspects, et le parti auquel il venait de livrer tout son honneur en proie se servit de cette loi des suspects pour faire emprisonner les propres amis de celui qui l’avait présentée. Quant au parti libéral, il organisa en faveur des victimes un comité de souscription, dont l’activité devint si redoutable, que les souscriptions purent être et furent considérées comme des enrôlements pour la révolte. Quel profit M. Decazes devait-il tirer de son apostasie ? La bourgeoisie qu’il trahissait l’abandonna, et le parti féodal ne lui sut aucun gré d’un retour involontaire.

Tout à coup une nouvelle étrange se répandit. Au moment où il sortait du théâtre, le prince sur qui reposait l’immortalité de la race royale, le duc de Berry, venait d’être saisi par un inconnu, et frappé au flanc d’un coup de poignard.

Lorsque, sous Charles II, en Angleterre, le parti dominant avait voulu perdre les papistes, il avait