Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 1.djvu/97

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voilà forcés de reconnaître que l’Europe entière est ultra comme nous. Vous voilà convaincus que ce que vous appelez l’Europe, les peuples, le siècle, se réduit en dernière analyse à quelques petits marchands assis sur des balles de coton et des barriques de sucre dans la rue des Ramassés à Rouen, à quelques écoliers imberbes de l’université d’Iéna, en cheveux longs et en veste courte, à quelques milliers d’honnêtes radicaux illuminés par les vapeurs de l’eau-de-vie. » Ces petits marchands, assis sur des balles de coton voulurent montrer ce qu’il leur était permis d’oser ; ils élurent M. Grégoire, et semblèrent avoir ainsi jeté aux pieds de leurs ennemis, en manière de défi, la tête sanglante de Louis XVI.

Mais leurs ennemis s’en réjouirent : « Plutôt des élections jacobines que des élections ministérielles », avait dit le Drapeau Blanc. Ce vœu était accompli. La duchesse d’Angoulême redoubla de gémissements et de pleurs ; la parole du comte d’Artois eut le droit de se faire écouter ; Louis XVIII, qui sentait peser sur sa couronne le souvenir du ministère Fouché, recula cette fois devant le fantôme de son frère : dès ce moment l’abolition de la loi du 5 février fut résolue.

Les ministres Dessoles, Louis et Gouvion Saint-Cyr voulaient le maintien de cette loi : ils durent se retirer du pouvoir, et à la tête du nouveau cabinet on vit paraître avec étonnement… M. Decazes ! M. Decazes qui avait appelé funeste, du haut de