Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/115

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cher droit sur des barricades imparfaitement construites, de s’emparer des postes importants, de dominer toute ta ville, ils se dirigèrent vers le parc, où ils se retranchèrent avec leur artillerie. Là ils furent assaillis pendant trois jours par les tirailleurs belges, maîtres de la place Royale et postés dans les maisons voisines. Pendant trois jours, les braconniers wallons, connus par leur adresse, ne cessèrent de porter la mort dans les rangs de l’armée ennemie, dont l’artillerie ne cessa de foudroyer la ville. Les Hollandais abandonnèrent enfin Bruxelles, emportant leurs morts dans des charriots, et laissant, pour souvenirs de leur passage, le parc ravagé comme un champ de bataille, le pavé couvert de cadavres, et la cendre des maisons qu’avait dévorées le feu des obusiers.

Un coup mortel venait d’être porté à la famille des Nassau. Impitoyables et vaincus, leur crime était double. L’horreur produite par leur tentative avortée s’accrut bientôt de celle qu’inspirèrent les plus sombres récits. Les Hollandais, disait-on, avaient commis des atrocités ; ils avaient pillé plusieurs hôtels de la place d’Orange, après avoir assommé les propriétaires à coups de crosse ; on les y avait vus tirer par les soupiraux des caves sur de pauvres paysans inoffensifs ; ils avaient traîné l’aubergiste du Pavillon Royal à la queue d’un cheval, envahi brutalement des pensionnats de jeunes filles, incendié seize maisons entre la porte de Schaërbeck et celle de Louvain. On citait un Belge, nommé Hauregard, auquel ils avaient coupé les bras et les jambes, et dont ils avaient jeté le tronc sanglant