Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/122

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établi leur siège dans l’ancien palais des états-généraux. Du haut du péristyte, ils aperçurent à l’horizon une lueur sanglante, semblable à celle d’un vaste incendie. C’était la ville d’Anver que le prince d’Orange avait abandonnée et que le général Chassé faisait bombarder. L’indignation des Belges fut extrème. Coupable ou non du bombardement d’Anvers, le prince d’Orange resta chargé du crime d’avoir livré aux flammes la plus florissante cité de la Belgique, et la seule qui se fut jusque-là montrée fidèle à la Hollande.

Le moment approchait où la Belgique allait se trouver complètement affranchie. Les Hollandais avaient été chassés de ville en ville, de poste en poste. Dans un des nombreux engagements qui eurent lieu, le comte Frédéric de Mérode fut mortellement blessé. Les feuilles, belges publièrent les détails de son agonie. Ils étaient touchants et de nature à produite en France une grande impression. Sur le point d’expirer, le comte Frédéric se tourna vers un de ses amis, et dit d’une voix éteinte : « Lui aussi est un brave. Dans les journées de juillet, officier de cuirassiers, il n’a pas voulu tirer i’épée contre ses frères. » Et il rendit le dernier soupir.

Ces nouvelles firent éclater à Paris des scènes d’enthousiasme. Les sociétés populaires, surtout, se livrèrent à l’orgueil. On ouvrit des souscriptions en faveur des blessés de septembre. Les club envoyèrent à Bruxelles leurs émissaires. La société des Amis du Peuple leva un bataillon à ses frères, et le fit partir en lui donnant un nom, un chef, un étendard.