Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mouiller à Cowes. Eh bien, des Anglais venaient, à bord, se placer en face des princes déchus ; et, le chapeau sur la tête, les bras croisés, ils se mettaient à les contempler avec une curiosité ironique et si insultante, que le capitaine dut, sur la prière de Charles X, interdire l’entrée du navire.

Loin de s’opposer à ces démonstrations, aussi dépourvues de bonne foi que de dignité, le gouvernement anglais les encourageait, et il y ajouta le mensonge de ses propres dédains. Charles X avait demandé la permission de débarquer en Angleterre. Les ministres tories lui firent répondre qu’il n’était autorisé à toucher le sol anglais qu’en se dépouillant de son titre de roi. Pour trouver asile chez une nation qui avait toujours mis son orgueil à paraître hospitalière, Charles X fut obligé de prendre le nom de comte de Ponthieu.

Le baron d’Haussez, qui avait précédé son vieux maître sur cette terre ennemie, et qui n’y avait reçu de lord Wellington qu’un accueil grossier, le baron d’Haussez suivit Charles X dans la demeure assignée à son exil. Le château d’Holyrood était dans un état de délabrement complet. On n’avait rien fait pour le rendre habitable ; les fauteuils y étaient encore couverts de la poussière dont le temps les avait chargés ; les tapisseries y tombaient en lambeaux tout y rappelait le côté mélancolique et sombre de l’histoire des Stuarts.

Dans un pays gouverné alors par des tories, fils de Jacobites, comment Charles X n’aurait-il pas songé à la généreuse et magnifique hospitalité que Jacques II avait jadis trouvée à Saint-Germain ? Mais