Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/163

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évidemment se constituer en république. Aussi avait-on prévu d’avance le résultat de la discussion relative à la forme du gouvernement. Et pourtant, l’abbé de Haërn disait un mot profond lorsque, dans cette discussion, il s’écriait : « Le roi est inviolable, le peuple est inviolable aussi. Que deviendront ces deux inviolabilités en présence l’une de l’autre ? » Question terrible, qu’une révolution venait de trancher à Paris, dans le sang et les ruines ! Mais rien n’est plus intolérant que les intérêts transformés en passions. L’abbé de Haërn fut écouté avec impatience. M. de Robaulx, plaidant après lui la cause de la république, excita dans l’assemblée des mouvements de fureur. Enfin, la république n’obtint que 13 voix, dans ce pays qui avait fait une si douloureuse et si longue expérience des vices de la monarchie.

Pendant que la Belgique proclamait son indépendance, la conférence de Londres, dans son protocole du 20 décembre, déclarait le royaume des Pays-Bas dissous. Le protocole, signé par M. de Talleyrand, comme par les autres plénipotentiaires, se terminait par des mots où perçait une défiance injurieuse pour le peuple français : « La conférence s’occupera de discuter et de concerter les nouveaux arrangements les plus propres à combiner l’indépendance future de la Belgique avec les stipulations des traités, avec les intérêts et la sécurité des autres puissances, et avec l’équilibre européen. »

M. Falck protesta au nom du roi des Pays-Bas, qui ajouta une protestation personnelle à celle de