Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/249

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berg s’en accrut. Ce qui n’avait été jusque-là pour la Belgique qu’une affaire de calcul devenait une question d’honneur, et les injonctions blessantes du cabinet du Palais-Royal faisaient naturellement passer du côté des Leuchtembergistes toute l’autorité des sentiments généreux, toute la puissance des entraînements patriotiques. Déjà le protocole du 9 janvier, par lequel la conférence enjoignait aux belges de renoncer à leur entreprise sur Maëstricht ; et au roi de Hollande, de rétablir la libre navigation de l’Escaut, avait excité dans le congrès le plus terrible orage, et n’avait été accepté qu’au milieu d’un frémissement universel, comme on accepte les lois de la violence. Or, si les Belges s’indignaient des prétentions de la diplomatie, avec quel surcroît de douleur et de colère ne devaient-ils pas voir ces prétentions dépassées par celles de la France, dont ils n’avaient attendu qu’amitié, secours et protection ! Bientôt l’éloge du fils d’Eugène vola de bouche en bouche. Son buste fut couronné au spectacle, en présence de tout un peuple qui faisait retentir l’air de ses acclamations, tandis que les partisans de la France n’osaient plus élever la voix, honteux qu’ils étaient du rôle impopulaire que venait de leur imposer le gouvernement français.

Ce résultat, si facile à prévoir, jeta la consternation au Palais-Royal ; on y mande M. de Lœvestine. C’était un homme loyal, de mœurs militaires ; et on le savait très-estimé en Belgique où il avait long-temps vécu. M. de Lœvestine reçut des instructions secrètes, et partit pour Bruxelles.

M. Bresson qui y avait été envoyé par la confé-