Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/313

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position de M. de Sade, voulait en conséquence clore la discussion pour brusquer le vote. Alors, par un de ces petits subterfuges dont l’histoire parlementaire de la bourgeoisie ne devait fournir que trop d’exemples, M. Benjamin Delessert, qui occupait le fauteuil du président, se couvrit et leva arbitrairement la séance. Mais les ruses de ce genre tournent d’ordinaire contre qui les emploie. L’Opposition n’en devint que plus animée ; les journaux du mouvement redoublèrent d’énergie, et, le lendemain, le chiffre de 200 fr. fut voté par une majorité formée de la gauche de l’assemblée, de la droite, et d’une fraction du centre intimidée par la presse. La réduction du cens d’éligibilité à 500 fr. fut une seconde victoire des libéraux du mouvement sur ceux de la résistance. Mais là se bornèrent les concessions de la majorité. Le ministère avait demandé qu’on adjoignît aux censitaires un certain nombre de citoyens dont la profession semblait prouver la capacité. Non contente de restreindre outre mesure le cercle de ces adjonctions et de frapper d’une exclusion injurieuse les professeurs titulaires des facultés de droit, de médecine, des sciences, des lettres, les notaires, les avocats, les avoués, les juges, etc., elle n’admit au nombre des électeurs les officiers jouissant de 1200 fr. de retraite, les membres et les correspondants de l’Institut, qu’à la condition qu’ils paieraient 100 fr. de contributions directes, c’est-à-dire le demi-cens. Cette dernière disposition, adoptée sur la proposition de M. J. de La Rochefoucauld, paraissait ridicule et fut jugée telle par l’opinion publique ; mais elle avait une signifi-