Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/366

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ches adressés au parti républicain. On l’accusait de conspirer ? Accusation futile ! Depuis qu’on faisait des révolutions, les conjurations étaient trop peu de chose. Le parti républicain était trop sûr de l’avenir pour manquer de patience et ne se point reposer sur la fortune des peuples. Il aimait bien mieux laisser la monarchie conspirer pour lui par un entassement d’inévitables fautes et d’iniquités fatales. Pourquoi le parti républicain se presserait-il ? Lui était-il permis d’ignorer qu’il existait dans la société un dissolvant si énergique de tous les moyens de pouvoir, que le pouvoir était à refondre tout entier ? Ne savait-il pas qu’en présence des besoins immenses et nouveaux qui tourmentaient le monde, un Dieu même trouverait plus difficile de le gouverner que de le refaire ? On évoquait, contre les républicains, les souvenirs sanglants de 93 ! Mais les gens sensés, ceux qui jugent l’histoire par ses résultats, n’avaient pas oublié sans doute que la Convention avait défendu le sol, étendu la France jusqu’à ses limites naturelles, fécondé le germe de toutes les grandes pensées politiques ; et que, de tous les gouvernements tour à tour poussés sur la scène dans l’espace de trente-six ans, seul le gouvernement de la Convention s’était retiré parce qu’il l’avait voulu, triomphant, et abdiquant au bruit du canon de vendémiaire Des ambitieux déçus, disait-on en parlant des républicains ! C’étaient les ambitieux repus qui disaient cela. Passant à des considérations d’une autre nature, M. Cavaignac montra ce qu’il y avait de réfléchi, de pratique dans l’opinion républicaine, trop éclairée pour antidater son