Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/405

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émut, en effet. Des discours injustes, des discours jaloux furent prononcés dans le parlement. Pitt, en mourant, avait légué à ses successeurs tout le fiel de son génie.

L’Angleterre, pourtant, était alors assez puissante par nos fautes, pour ne pas nous envier un moment d’orgueil. Car le triomphe de notre marine devant Lisbonne était cruellement compensé, à Londres et à Bruxelles, par les défaites de notre diplomatie.

Mais, pour bien comprendre jusqu’à quel point elle fut vaincue et humiliée, il est indispensable de récapituler, en les rapprochant, les actes successif de la Conférence de Londres, actes protégés, d’ailleurs, par une déplorable obscurité, et dont l’enchainement forme ce qu’on pourrait appeler la haute comédie de l’histoire.

Dans son protocole n°1 celui du 4 novembre 1830, la Conférence de Londres s’était bornée à proposer la cessation des hostilités entre la Hollande et la Belgique. Ce protocole était rédigé avec modération. Les cinq grandes puissances semblaient n’y assigner à leur intervention que le caractère d’une mission toute philantropique ; elles ne s’y réservaient d’autre droit que celui de « faciliter la solution des questions politiques. »

La Belgique n’aurait pu refuser son adhésion à un acte de cette nature, sans se montrer résolue à procéder, à l’égard de la Hollande, par voie de violence et de conquête. Aussi le protocole du 4 novembre fut-il accepté par tous les membres de gouvernement provisoire de Belgique, sans en excepter M. de Potter.