Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/414

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Bruxelles, la Conférence se montre systématiquement hostile à la Belgique et travaille à la rendre petite et faible.

Le jour où l’influence anglaise prévaut à Bruxelles, la Conférence change brusquement de politique, n’hésite pas à donner à ses propres affirmations un démenti éclatant, et ne songe plus qu’à fortifier la Belgique, en haine de la France.

Le rôle de M. de Talleyrand à Londres fut donc d’une insignifiance parfaite. Il signa des protocoles qui affaiblissaient la Belgique quand elle nous tendait les bras, et il en signa d’autres qui la rendaient forte au moment même ou elle se séparait de nous.

Et quel motif forçait si impérieusement l’ambassadeur français à cet inconcevable abandon de tous les intérêts de son pays ? Lorsqu’il fut question de fortifier la Belgique contre nous, ne pouvait-il pas dire :

En repoussant la Belgique qui s’offrait, et en refusant la couronne votée pour le fils de Louis-Philippe, le gouvernement français a donné une preuve incontestable de modération. Nous demandons que l’Europe en convienne. Dans les protocoles du 20 et du 27 janvier, la Conférence a voulu rendre la Belgique petite et faible. Elle l’a voulu à tort ou à raison ; mais enfin elle a, sur ce point, déclaré sa volonté immuable. Elle ne saurait aujourd’hui revenir sur cette déclaration sans mentir à l’Europe dent elle a la prétention de fixer les destins. Que s’est-il donc passé, depuis le 20 janvier, qui ait pu rendre subitement inique et funeste ce qui alors