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nacée. Cependant la résistance des Polonais étant devenue opiniâtre et formidable, l’Autriche dût se demander si la reconstitution d’une Pologne indépendante ne vaudrait pas mieux pour le peuple autrichien que la continuation d’une lutte dont la Gallicie devait si profondément s’émouvoir et dont les suites étaient incalculables.

Il est certain que la reconstitution de la Pologne comme état indépendant était dans les véritables intérêts de l’Autriche, alors même qu’elle eût perdu la Gallicie. Car, depuis le fameux acte de partage, les choses avaient complètement changé d’aspect. La Russie, penchant vers le sud-ouest, n’avait cessé d’entraîner par son poids tout ce qui s’était trouvé sur son passage. Sa marche le long de la mer Noire et ses progrès en Turquie étaient de nature à éveiller toute la sollicitude de l’Autriche qui se voyait sur le point d’être tournée et enveloppée. Dans cette situation, que pouvait-elle désirer de plus avantageux pour elle que la formation d’un royaume qui, du sud-est au nord-ouest, aurait couvert et garanti ses frontières ?

Soit qu’elle eût été touchée de ces considération, soit qu’elle cédât à des motifs moins élevés, la cour de Vienne ne tarda pas à séparer, dans cette question, sa politique de celle des autres cabinets[1]. Toutefois, fidèle à ses habitudes de circonspection, elle eût soin de donner à ses agents des instructions telles qu’il lui fût possible, au besoin, de les désa-

  1. Les faits que nous consignons ici n’ont été ni racontés, ni même indiqués par aucun des historiens de la révolution de Pologne. Mais nous n’avançons rien que nous l’ayons puisé à bonne source.