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Louis-Philippe. Trop heureux de voir sur le trône de France un prince qui renonçait pour son pays à la rive gauche du Rhin et à la Belgique !

Pour ce qui est de l’Angleterre, elle considérait le dénouement des trois journées comme un des événements les plus heureux de son histoire. Grâce à l’élévation du duc d’Orléans, c’était au profit des Anglais que la révolution de juillet venait de s’accomplir. Aussi Guillaume IV fit-il au général Baudrand l’accueil le plus empressé.

La joie que ces petits succès de famille causèrent au Palais-Royal ne fut pas tout-à-fait sans mélange. Un prince d’Italie, le duc de Modène, refusa de reconnaître Louis-Philippe, et l’Espagne publia contre le gouvernement de juillet un manifeste injurieux.

Le refus du duc de Modène était singulier. Les rapports de ce prince avec le duc d’Orléans, avant la révolution de 1830, n’avaient jamais eu rien qui put faire présager une hostilité aussi violemment déclarée. Le duc de Modène, qu’on disait conspirateur, aurait dû bien plutôt s’associer à une révolution sur laquelle comptaient depuis si long-temps tous ceux qui conspiraient pour l’indépendance de l’Italie. L’insolence bizarre de son refus, et l’impunité, plus bizarre encore, que lui accorda le cabinet du Palais-Royal, donnèrent lieu à des soupçons offansants. On avait parlé de M. Misley comme d’un agent mystérieux envoyé d’Italie au duc d’Orléans, dans l’intérêt de l’indépendance italienne. Quelques esprits défiants pensèrent que, par son accession aux traités de 1815, Louis-Philippe déconcertait des espérances qu’il avait fait concevoir ; que le duc de Mo-