Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/425

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n’avaient reposé sur des données plus contradictoires, sur une utopie plus monstrueuse. Mais tel était l’aveuglement inconcevable de tous les libéraux honnêtes ! Bercés dans des sentiments monarchiques, et toujours préoccupés de cette crainte que la permanence de l’échafaud ne succédât à l’hérédité du trône abolie, ils disaient : « Conservons le régime monarchique. » Puis, entraînés par le torrent des idées révolutionnaires et irrésistiblement soumis à l’empire du principe d’égalité, ils ajoutaient : « Qu’il n’y ait dans ce régime monarchique ni distinctions injustes, ni fictions honteuses, ni priviléges, » ce qui revenait à demander que la monarchie existât en dehors des seules conditions qui la puissent rendre possible.

Le parti ministériel, sans avoir raison, avait, du moins, sur ses adversaires de la gauche dynastique, l’avantage d’être conséquent dans ses erreurs. Aussi sa victoire fut-elle complète. Dans les premières séances, M. Dupin aîné l’avait emporté sur M. Laffitte pour la présidence, et, pour la vice-présidence, M. Bérenger avait obtenu plus de voix que M. Dupont (de l’Eure). L’adhésion donnée au discours de la couronne par l’adresse, telle qu’on la vota, rendit le triomphe du ministère incontestable. La rédaction de cette adresse ne laissait pas même percer le doute timide que la chambre des pairs avait exprimé sur la question de l’état de siège. Il est vrai que la chambre des députés manifestait ce désir, que la politique suivie par les ministres se tînt également éloignée des souvenirs de la Restauration et des doctrines de la République.