Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/449

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deux Puissances ; et, le 4 novembre, ce refus était connu à Valenciennes. On allait donc franchir la frontière ! La joie des soldats fut immense. Le maréchal Gérard donna des ordres au général Neigre pour qu’on hâtât le transport de l’équipage de siège et pour qu’on opérât à Douai, à Lille, à Valenciennes, le chargement des bateaux destinés à porter notre grosse artillerie et ses nombreuses munitions ; le général Haxo fit partir un officier déguisé pour Anvers, avec mission d’en reconnaître exactement la citadelle enfin on pressa de toutes parts les préparatifs, et l’armée attendit avec exaltation l’heure d’entrer en Belgique.

Mais le siège de la citadelle d’Anvers allait soulever des difficultés inattendues. Louis-Philippe tenait particulièrement à ce que les Belges fussent exclus de toute coopération au siège. La diplomatie l’exigeait. Et voici quels étaient les motifs de la diplomatie.

L’Angleterre ne voulait pas que les Français et les Belges combattissent ensemble et sous de fraternels drapeaux, de peur que la Belgique ne fut ramenée par l’affection et la reconnaissance au désir qu’elle avait déjà éprouvé de devenir française. L’Angleterre savait que, si les Belges étaient forcés d’assister l’arme au bras à la prise de la citadelle d’Anvers par une armée française, jamais ils ne nous pardonneraient cette humiliation. Ainsi, le cabinet de Saint-James trouvait moyen de nous rendre odieux par l’excès même de notre générosité et il nous créait des ennemis irréconciliables dans ceux que nous allions secourir !