Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/61

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lation ouvrière et satisfaire à ses légitimes exigences. Il prit ce dernier parti. Malheureusement, son autorité à Lyon était mal assise et chancelante. Il était secondé mollement par l’administration municipale, pouvoir défiant sous les coups duquel avait déjà succombé son prédécesseur, M. Paulze d’Yvoy ; et, ce qui était plus grave, il avait dans le lieutenant-général Roguet un ennemi personnel. Le comte Roguet était un brave soldat, mais il n’était que cela. Les plaintes de la population ouvrière de Lyon n’étaient dans sa pensée que l’explosion d’un mécontentement factieux, et cette disposition d’esprit, jointe à ses répugnances particulières, le rendait peu propre à appuyer les vues de l’autorité civile. Malgré toutes ces difficultés, M. Bouvier-Dumolard se mit à l’œuvre. Il chercha d’abord à gagner la confiance des ouvriers en se présentant comme le champion de leurs intérêts. Ils demandaient la fixation d’un tarif au minimum ; cette demande était juste : il prit ses mesures pour la faire triompher. Le 11 octobre 1831, le conseil des prud’hommes avait rédigé la déclaration suivante :

« Considérant qu’il est de notoriété publique que beaucoup de fabricants paient réellement des façons trop minimes, il est utile qu’un tarif au minimum soit fixé pour le prix des façons. »

Bien que ce conseil des prud’hommes, par le plus bizarre intervertissement des pouvoirs, se fut assemblé à la provocation du lieutenant-général Roguet, M. Bouvier-Dumolard résolut de donner suite à une délibération qui entrait parfaitement dans ses vues ; et le 15, il réunissait sous sa prési-