Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/128

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plus sacrée de toutes les propriétés est sans contredit le droit héréditaire dont ils ont joui de toute antiquité, d’opprimer, d’avilir et de s’assurer légalement et monarchiquement les vingt-cinq millions d’hommes qui habitaient le territoire de la France, sous leur bon plaisir. »

Au reste, la définition qui, présentée sous le nom de Robespierre, semblait si menaçante à M. Dupin, elle appartenait à Mirabeau, comme le fit très-bien observer Armand Carrel. « Qu’est-ce que la propriété, avait dit Mirabeau, soutenant, contre l’abbé Maury, dans l’Assemblée Constituante, que les biens du clergé devaient être déclarés biens nationaux ? La propriété est un bien acquis en vertu des lois. » Et l’abbé Maury avait répondu : « Si notre propriété est légitime depuis quatorze siècles, elle doit l’être à jamais car une propriété est nécessairement inamovible, et il y a contradiction entre ces deux termes : propriété et amovibilité. »

Sieyès, à son tour, avait prononcé, en défendant les dîmes du clergé, ces paroles célèbres : « Les dîmes sont placées dans la classe des propriétés légitimes, bien que nuisibles à la chose publique. Vous voulez être libres et vous ne savez pas être justes. »

On le voit, en attaquant le caractère social donné à la propriété par la Déclaration des Droits de l’Homme ; en affirmant, après l’abbé Maury, après Sieyès, que la propriété n’était qu’un droit inhérent à l’individu, M. Dupin ne prenait pas garde qu’il condamnait, et la révolution de 1789, et les