Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/314

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ment, tant d’ennemis qui, disséminés dans les divers tribunaux du royaume, pouvaient être détruits à petit bruit, on leur donnait une importance sans égale ; et, des cendres de la guerre civile, remuées d’une main imprudente on s’exposait à faire sortir des calamités nouvelles. Mais, la colère conseille mal ceux qu’elle possède. On entassa donc poursuites sur poursuites ; et les prisons, bientôt, regorgèrent de républicains.

Le pouvoir, toutefois, ne s’emporta pas au point d’oublier que certains ménagements lui étaient commandés par la politique. M. Voyer d’Argenson, par exemple, dut à sa haute position et à ses brillantes alliances de n’être pas impliqué dans un complot dont on rejetait la responsabilité sur un si grand nombre de ses amis. La condamnation aux frais devant être solidaire on avait lieu de craindre qu’elle n’engloutît la fortune de M. Voyer d’Argenson. Or, il avait pour gendre M. de Lascours, pair de France, qu’on ne voulait pas frapper dans la fortune de son beau-père ! Ce fut aussi pour s’épargner l’embarras de faire descendre sur un banc d’accusés l’illustre Lafayette, qu’on s’empressa de mettre hors de cause les membres les plus compromis de l’association pour la liberté de la presse, et, entre autres, MM. André Marchais et Étienne Arago.

La mort, du reste, ne tarda pas à délivrer le pouvoir des terreurs que lui inspirait celui qui, le 31 juillet 1830, avait donné à Louis-Philippe, sur le perron de l’hôtel-de-ville, l’investiture de la royauté. Le 20 mai (1834), Lafayette rendait le