Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/390

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9 avril (1835). Elle donna lieu, entre le duc de Fitz-James et M. Thiers, à une joûte oratoire d’un grand éclat. Soutenu avec chaleur par MM. de Broglie, président du Conseil, Ducos, Tesnières, Jay, Anisson, de Tracy, Dumon, de Lamartine, Réalier-Dumas, le projet fut attaqué puissamment par MM. Desabes, Glaiz-Bizoin.Charamaule, Lacrosse, Auguis, Isambert, Mauguin. Mais nul ne lui porta des coups plus terribles que M. Berryer. Il nous semble le voir encore, tantôt penché sur la tribune et les deux bras étendus sur l’assemblée, il forçait ses adversaires à subir la domination de sa parole ; tantôt saisissant d’une main les documents fournis à l’appui du traité, et de l’autre marquant, pour ainsi dire, sur le marbre, chaque erreur de chiffres, chaque mensonge d’appréciation, chaque double-emploi, il faisait passer devant les yeux de l’assistance éblouie je ne sais quelle arithmétique vivante. Jamais Mirabeau, fulminant contre la banqueroute, n’avait paru plus véhément, plus indigné, et n’avait exercé d’une façon plus souveraine le pouvoir de l’éloquence. Tout fut inutile. Le 18 avril (1835), 289 voix contre 137 votaient l’adoption du traité. Il fut adopté aussi, deux mois après, par la Chambre des pairs, malgré les énergiques attaques du duc de Noailles. La gravité du vote, en ce qui concernait l’honneur de la France, ne se trouvait atténuée que par un amendement de MM. Valazé et Legrand, lequel avait prévalu, et portait qu’il ne serait fait aucun paiement, que lorsque le gouvernement français aurait reçu des explications suffisantes sur le message du président Jackson.