Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/423

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on, de procès en procès, jusqu’à la guerre civile ? Voilà ce que disent les moins téméraires, MM. Gauthier, Barbé-Marbois, Dubouchage, Bérenger, Villemain, Tripier, Rœderer. Mais, ils sont combattus par MM. Cousin, de Montébello, Lallemand. C’en est fait : chez la plupart, la passion parle plus haut que le sagesse, et c’est la passion qui va décider de tout. M. d’Argout prend alors la parole : « La question est épineuse, dit-il, et ce n’est pas trop de la nuit pour y réfléchir. » La dessus, on ajourne le vote et on se sépare.

Au bas de la lettre on lisait les noms de MM. de Cormenin et Audry de Puyraveau, députés[1] C’était une complication de plus. Car, en forçant deux députés à comparaître à sa barre, la pairie courait risque d’offenser la Chambre élective et d’éprouver un refus qui aurait donné naissance à un déplorable conflit. Eh bien, cela même précipita la décision. Les meneurs du procès pensèrent que MM. de Cormenin et Audry de Puyraveau appartenant à la minorité de la Chambre élective, la majorité n’hésiterait pas, ou à leur imposer l’humiliation d’un désaveu, ou à les sacrifier ; que, dans le sein de cette majorité, asservie aux ministres, la haine de la république l’emporterait sur l’esprit de corps qu’en un mot, la Chambre des députés ne refuserait pas de livrer deux de ses membres aux rancunes d’une assemblée rivale, ce qui constaterait l’union des trois pouvoirs, donnerait à la pairie, au milieu d’une telle

  1. Le nom de M. Garnier-Pagès, par un hasard singulier, étant tombé en pâte à l’imprimerie, ne figurait pas au bas de la lettre publiée.