Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/454

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poursuivre devenait impossible. On allait, par conséquent, aborder une nouvelle phase de la procédure, et une question grave se présentait : fallait-il commencer l’interrogatoire des accusés de Paris, de Lunéville, de Châlons-sur-Saône, de Saint-Étienne, de Marseille, d’Arbois, d’Épinal ? Ou bien, devait-on, les réquisitoires et les plaidoiries entendus, procéder d’une manière immédiate au jugement des accusés de Lyon ?

Après tant d’efforts pour rattacher à un même complot une foule innombrable de faits particuliers, après tant d’efforts pour établir la connexité des délits, séparer les diverses catégories, pour les juger l’une après l’autre, l’une sans l’autre, c’était fouler aux pieds la logique et le bons sens. On ne le pouvait, d’ailleurs, qu’en violant la loi. Car l’article 226 du Code d’instruction criminelle ordonne que les Chambres d’accusation statuent par un seul et même arrêt sur les délits connexes. Et il y avait de la déloyauté à prétendre que la règle ne s’appliquait pas au jugement définitif, l’esprit de la loi portant sur le second cas aussi bien que sur le premier. Et puis, en vertu de quel principe d’équité prolongeait-on indéfiniment les rigueurs de la détention préventive pour des accusés auxquels on avait refusé les défenseurs choisis par eux, qu’on n’avait pas entendus, et qui, traités en coupables avant que leur innocence eût été discutée, gémissaient, depuis si long-temps déjà, dans les cachots où les avait poussés le soupçon guidé par la colère ? Mais, nous l’avons dit, la Cour des pairs était dominée par le mauvais génie de ses premières fautes : malgré les