Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/455

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protestations de M. Baune, parlant au nom de tous ses camarades, elle passa outre, et, sur les conclusions du procureur-général, M. Martin (du Nord), elle rendit le 11 juillet (1835), un arrêt qui, prononçant la disjonction des causes, ordonnait qu’il fût immédiatement procédé aux plaidoiries et jugement, en ce qui concernait les accusés de la catégorie de Lyon. La mesure était comblée : M. Molé se retira, ainsi que les marquis d’Aux et de Crillon.

L’arrêt de disjonction devait avoir des résultats faciles à deviner. En séparant les causes, la Cour des pairs se donnait le temps de reprendre haleine ; elle amortissait la fougue de l’opinion ; elle jetait le découragement parmi les prévenus ; elle ôtait enfin à leur résistance ce caractère d’ensemble qui seul pouvait la rendre imposante. Les détenus de Sainte-Pélagie ne s’y trompèrent pas ; et désormais convaincus qu’on ne leur laisserait pas même le bénéfice moral de leur courage, ceux d’entre eux qui avaient tout préparé pour une évasion ne songèrent plus qu’à la liberté.

L’exécution est fixée au 12 juillet, dans la soirée, et l’on se livre avec ardeur aux préparâtes. Les complices du dehors ont déjà reçu leurs instructions. Pour désarmer la défiance du directeur, on lui adresse plusieurs demandes qui supposent la prolongation du séjour des prisonniers à Sainte-Pélagie ; et M. Armand Marrast, qui avait coutume de prendre un bain chaque soir, commande son bain pour dix heures, comme à l’ordinaire. Rien ne transpire du projet, et cependant ceux qui l’ont conçu ne vivent plus que dans une brûlante alter-