Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/101

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C’était la question espagnole qui devait renverser M. Thiers. Or, voici quelle avait été, durant l’année 1836, la situation de la Péninsule.

Elle se trouvait gouvernée, au commencement de 1836, par M. Mendizabal, nature volcanique, tête pleine de combinaisons et d’expédients, homme sans égal en Espagne pour la vivacité du coup-d’œil et l’audace des entreprises, mais ne sachant ménager ni ses succès ni la fortune aventurier brillant s’il eût été dans une petite sphère, et, au pouvoir, révolutionnaire passionné. Il avait d’ailleurs en lui tout ce qui parle puissamment aux hommes rassemblés taille haute, regard de feu geste décisif, faculté de s’émouvoir telle, qu’un jour il lui arriva, en pleine tribune, d’éclater en sanglots.

Éblouir les esprits par l’annonce d’un secret qui sauverait l’Espagne, obtenir de la Chambre des procuradorès un vote de confiance, ordonner à tout risque une levée de cent mille hommes, appeler la discussion sur un remaniement de la loi électorale, briser aux applaudissements du peuple la première résistance des Cortès, mettre en vente les biens nationaux, autoriser le rachat des redevances appartenant aux communautés religieuses, décréter la suppression des couvents dans cette Espagne, ancienne patrie de l’inquisition, tout cela fut pour M. Mendizabal l’affaire de quelques mois. Au sujet de la suppression des couvents, on assure que, s’étant un soir présenté à la régente Christine, il lui dit, en tirant sa montre : « Madame, des courriers sont disposés sur toutes les routes. Ils partent dans une heure, si la régente daigne adhérer à la mesure