Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/158

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de vouloir et d’oser davantage. Elle avait à découvrir le lien qui doit unir la civilisation de l’Orient à celle de l’Occident.

Et envisagée sous cet aspect, quelles magnifiques proportions ne prenait pas notre conquête ! quelle perspective n’ouvrait-elle pas devant nous ! Les idées qui germent depuis le commencement du siècle dans l’esprit des penseurs généreux et que salue de loin l’instinct du peuple, allaient trouver un vaste champ d’application l’Afrique devenait le terrain précieux où pouvaient être sans danger mis à l’épreuve ces essais de rénovation sociale que font paraître si menaçants les habitudes, les préjugés, les complications politiques et industrielles de notre vieille Europe ; la France armée prenait l’initiative de la paix future qu’établira un jour entre les hommes le dogme de la fraternité ; et nos conquêtes, même guerrières, notaient plus que celles de l’esprit humain.

Malheureusement, la révolution de juillet avait porté aux affaires des hommes sans génie. L’Afrique ne leur apparaissant que comme un champ de bataille à parcourir, ils ne se préoccupèrent que du soin d’en borner l’étendue avec une prudence avare. La première faute du gouvernement français fut dans l’insuffisance des ressources déployées pour l’occupation, alors qu’il fallait frapper par un imposant appareil l’imagination d’un peuple qui ne respecte que la force.

Il est vrai que ce fut au maréchal Clauzel qu’il confia, dès le principe, le gouvernement de l’Afrique ; et, sous le rapport militaire, on ne pouvait