Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/271

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avancions, les Arabes fuyaient après avoir mis entre eux et nous la dévastation, le désert ; et, de distance en distance, des tourbillons de fumée ardente marquaient la place des meules de paille incendiées. Le 5 octobre, on atteignit le sommet d’une colline sur laquelle se dressent les ruines d’un monument romain. Alors apparurent, vers la gauche un camp arabe, et en face la plaine de Constantine. En ce lieu s’était ouverte, l’année précédente, la série de nos désastres. Ici était la place où plusieurs de nos frères moururent de froid ; là coulait cette rivière de l’Oued-Akmimin qui, grossie par les pluies, avait opposé au passage du maréchal Clauzel de si douloureux obstacles plus loin s’étendaient le champ où il avait fallu abandonner le convoi, et celui auquel était resté le nom de Camp-de-la-Boue. Chaque pas nouveau vers Constantine réveillait un souvenir poignant, et le pied du soldat se heurta plus d’une fois à des ossements qui n’avaient plus de nom, mais qui rappelaient la patrie.

L’armée était divisée en quatre brigades, commandées : la première par le duc de Nemours ; la deuxième par le général Trézel ; la troisième par le général Ruilières, et la quatrième par le colonel Combes. Le lieutenant-général Fleury était commandant en chef du génie. Ce fut le 6 octobre (1837), à neuf heures du matin, que la première colonne couronna le plateau de Mansourah. À peine y était-elle arrivée, que du sein de la place s’éleva un grand cri où se distinguait la voix perçante des femmes. Cachés parmi les aloës qui couvrent les pentes du ravin en avant de Mansourah, trois cents