Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/327

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de l’être par 5 ou par 4. M. Laffitte n’hésitait donc pas à prononcer ces mots, qui embrassaient tout son système augmentation indéfinie du capital, puisqu’on ne doit jamais le rembourser, et diminution indéfinie de l’intérêt, puisque chaque année on le paie ce qui revenait à ceci : Perpétuité de la dette publique.

Sous le rapport exclusivement financier, le système de M. Laffitte était assurément fort acceptable ; mais pour peu qu’on en voulût peser les conséquences politiques, morales et sociales, la question s’agrandissait ; elle se liait aux plus mystérieux phénomènes de la production, aux plus formidables secrets de l’art de gouverner, et elle était alors de nature à provoquer des objections d’une portée immense.

Et d’abord, il y avait quelque chose de bizarre à déclarer le capital de la dette publique irremboursable, lorsque, pour en réduire l’Intérêt par des conversions successives, on était obligé de s’appuyer sur le droit de remboursement. Et puis, l’on pouvait dire à M. Laffitte :

La perpétuité de la dette entraîne la perpétuité du mouvement des fonds publics : éterniser le flux et le reflux des fonds publics, est-ce un bien ? Est-il convenable de laisser au capitaliste la facilité d’échanger sa condition contre celle de rentier, au rentier la facilité d’échanger sa condition contre celle de capitaliste, et cela en présence, entre les mains de l’État, caissier immuable de la Bourse ? Les fonds publics sont un centre où viennent se réfugier les capitaux qui surabondent : est-il utile que ce centre existe ? Car enfin, la surabondance de l’argent