Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/475

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déclarer contre une combinaison quelconque qui y porterait atteinte. Un pareil accord de sentiments et de résolutions devant suffire, lorsque personne ne pourra plus en douter, non-seulement pour prévenir toute tentative contraire à ce grand intérêt, mais même pour dissiper des inquiétudes qui constituent un danger véritable, par suite de l’agitation qu’elles jettent dans les esprits, le gouvernement du roi pense que les Cabinets feraient quelque chose d’important pour l’affermissement de la paix en constatant dans des documents écrits qu’ils se communiqueraient réciproquement, et qui ne tarderaient pas à avoir une publicité plus ou moins complète, l’exposé des intentions que je viens de rappeler. »

Dans cette déclaration célèbre, pas une ligne qui ne fût une bévue. À la vérité, le mot Syrie n’y était pas prononcé ; mais qu’importe, puisqu’on y regardait « l’intégrité et l’indépendance de la monarchie ottomane comme un élément essentiel de l’équilibre européen » ? Cela ne revenait-il pas à lier étroitement la question russe et la question égyptienne ? Et dés-lors, provoquer un concert européen, n’était-ce pas se soumettre d’avance aux décisions d’un concile politique où, sur la question égyptienne, la France risquait d’être seule de son avis ? N’était-ce pas s’exposer à entendre l’Angleterre, l’Autriche, la Prusse, la Russie, déclarer que la domination de Méhémet en Syrie était une combinaison propre à porter atteinte à l’équilibre européen ?

Il n’était pas jusqu’à la réserve gardée par les ministres du 12 mai qui, combinée avec leurs actes,