Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/478

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et la politique de la France, ses intérêts, ses sympathies, son influence méditerranéenne, se trouvaient confiés en Orient à un négociateur qui était la victoire.

Mais dans la carrière funeste de ses folies, le gouvernement français devait s’égarer de plus en plus. Qui le croirait ? À la nouvelle de la bataille de Nézib, le premier soin du maréchal Soult fut de déclarer à lord Granville, ambassadeur d’Angleterre[1], « que, selon les vues du gouvernement français, la défaite de l’armée turque ne devait influer en rien sur la marche des cinq Puissances ; que, dans un moment où les conseillers du sultan étaient paralysés par la peur ou cherchaient traîtreusement à faire valoir leurs intérêts aux dépens de leur maître, tous les arrangements conclus entre la Porte et le pacha devaient être considérés comme nuls, et qu’une déclaration à cet effet devait être remise à Méhémet-Ali. »

La mesure était comblée : on en venait à parler la langue de lord Palmerston !

Il est vrai qu’à côté de la dépêche de lord Granville relatant les paroles du maréchal Soult, une autre dépêche partait pour Londres[2] laquelle était adressée à M. de Bourqueney et portait que le résultat de la bataille de Nézib devait améliorer jusqu’à un certain point le lot de Méhémet.

Quel secret cachait donc une contradiction aussi monstrueuse ? Pour connaître la véritable pensée du

  1. Voir, dans le recueil précité, une dépêche de lord Granville à lord Palmerston en date du 29 juillet 1839.
  2. Ibid