Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/483

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nigsmark, ambassadeurs d’Angleterre, de Russie et de Prusse. La voici, cette note trop fameuse :

« Les cinq ambassadeurs soussignés, conformément aux instructions reçues de leurs Cours respectives, se félicitent d’avoir à annoncer aux ministres de la Sublime Porte que l’accord des cinq Puissances touchant la question orientale est certain, et ils prient la Sublime Porte, en attendant les fruits de leurs dispositions bienveillantes, de ne décider absolument rien sur la susdite question d’une man ère définitive, sans leur concours. »

Comment exprimer le ravissement de lord Ponsonby ? C’était la revanche de Nézib qu’on lui offrait, et telle qu’il n’eût osé jamais la rêver si éclatante ! Il signa. M. de Boutenieff n’avait pas, à beaucoup près, les mêmes motifs de satisfaction ; car, si la note du 27 juille cachait le futur abaissement du pacha d’Égypte, elle aboutissait, d’autre part, à l’annulation du traité d’Unkiar-Skélessi. Mais que faire ? Un refus aurait dénoncé à l’Europe les arrière-pensées ambitieuses de la Russie. M. de Metternich, d’ailleurs, n’avait pas craint de répondre de l’approbation de l’empereur Nicolas. M. de Boutenieff signa donc, et M. de Koenigsmark en fit autant. La Turquie était déclarée mineure, et l’Europe s’emparait de la tutelle.

Si les Puissances avaient été unies par un sentiment élevé de la justice et du droit, c’eût été un fait auguste que leur intervention collective en Orient. Et même, réduite aux proportions que lui donnaient l’égoïsme des Cours et leurs rivalités misé-