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Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/491

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de M. de Nesselrode, le pacha eût un peu plus ou un peu moins de Syrie ? Que lui importait même qua le traité d’Unkiar-Skélessi reçût une légère atteinte par l’admission momentanée du pavillon de St-Georges dans la mer de Marmara, pourvu qu’à ce prix la France fût humiliée, détachée de ses alliances pourvu qu’à ce prix une aigreur jalouse séparât pour long-temps, peut-être pour toujours, les deux Cabinets dont les Cours du Nord avaient tant redouté le concert ?

Une ligue était donc formée contre la France on y appela l’Autriche, la Prusse, et elles s’empressèrent d’y entrer M. de Fiquelmont, qui, pendant la maladie du prince de Metternich, avait eu, à Vienne, la conduite des affaires, s’était un instant montré d’accord avec le gouvernement français ; mais la dépêche qui contenait l’adhésion de M. de Fiquelmont aux vues des ministres du 12 mai avait dû passer par Johannisberg, où M. de Metternich la retint et l’annula. De sorte qu’en présence des grandes Cours par elle-même rapprochées et réunies, la France restait isolée !

Ce fut à peine si, dans l’excès de leur aveuglement, les ministres du 12 mai s’en aperçurent. Croyant que la partie pouvait encore être gagnée, ils rappelèrent de Londres, en le remplaçant par M. Guizot, le général Sébastiani, non moins opposé que l’amiral Roussin aux prétentions du vice-roi ; et ils persistèrent à réclamer pour Méhémet-Ali l’Egypte et la Syrie héréditaires. Mais l’Angleterre se sentait désormais, et irrévocablement, maîtresse du terrain. Pour mieux colorer l’intervention des