Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/497

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le duc de Nemours viendraient, et le prince de Joinville, et le duc d’Aumale, et le duc de Montpensier. Décidément, il en coûtait trop pour avoir une Cour. Y avait-il insuffisance du domaine privé ? La preuve, sur ce point, restait à faire. Le domaine privé ! que n’avait-on consenti à le fondre dans celui de l’État, suivant l’antique loi de la monarchie ? Voilà ce qu’on disait, et l’on ajoutait mille commentaires offensants pour la majesté royale. Du nord et du midi, de l’est et de l’ouest, affluèrent à Paris des lettres, des pétitions, des circulaires, empreintes d’un vif sentiment d’hostilité. Dans un pamphlet intitulé Questions scandaleuses d’un Jacobin au sujet d’une dotation, M. de Cormenin répandit tout ce que sa plume contenait d’amers trésors. Enfin, rien ne manqua de ce qui était de nature à prouver que la bourgeoisie n’avait ni le goût ni l’intelligence du régime monarchique, et que, si elle tenait à la royauté, c’était uniquement comme à un plastron. Des commissaires avaient été nommés par la Chambre pour étudier l’insuffisance du domaine privé : examen fait, il se trouva que le revenu de ce domaine s’élevait à plus d’un million. Encore le chiffre paraissait-il atténué à quelques membres de la Commission et, entr’autres, à M. Lherbette, qui ne craignit par de s’écrier en plein parlement : « J’ai vu des chiffres, mais pas de pièces à l’appui ! » Le jour du vote, 20 février 1840, étant arrivé, seul M. Couturier prononça contre le projet de loi quelques paroles, graves et dignes. Puis, froide, silencieuse, la Chambre alla au scrutin. 226 boules noires en sortirent. C’était