Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/93

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Inquiété par la police, Conseil quitte Berne le 22 juillet, passe la nuit à Neufchâtel, prend le lendemain la poste de Pontarlier et arrive à Besançon le 24. Il écrit sur-le-champ à Paris pour demander de nouvelles instructions, qui ne lui parviennent pas tout de suite. Aussitôt qu’elles sont arrivées, il se transporte à la préfecture, où il reçoit un passeport sous le nom de Pierre Corelli, en échange de celui qui lui a été délivré sous le nom de Napoléon Chéli, et 150 francs en argent (pour ses dépenses d’auberge et de voyage), avec ordre de se rendre à Berne, par Morteau, Neufchâtel et le Locle, et d’aller chercher de nouvelles instructions à l’ambassade française. Comme il objectait avoir reçu, à Paris, l’ordre de ne pas mettre les pieds à l’ambassade, on lui répondit qu’il était arrivé contre-ordre. Il fit remarquer qu’un passeport tout récent pourrait faire naître des soupçons sur sa qualité de réfugié, mais on n’eut aucun égard à cette observation.

Il se remit aussitôt en route, et arriva de nouveau à Berne, dans la journée du 6 août ; descendu devant la porte d’Aarberg, il s’informa où était l’auberge du Sauvage là, il s’inscrivit sur le registre des étrangers sous le nom de Corelli.

Conseil avait excité la dé6ance des réfugiés Migliari, Boschi, Primavesi, qui résolurent de visiter secrètement sa malle et de s’emparer de ses papiers. L’arrivée de Conseil avait fait manquer ce projet, on arrêta pour le lendemain (7 août) un déjeuner auquel devait assister Conseil. Les réfugiés avaient pour but dans cette réunion de se laver réciproquement du reproche d’espionnage.