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INTRODUCTION.

de manière à amener la suppression de la misère, non pas seulement afin que les souffrances matérielles du peuple soient soulagées, mais aussi, mais surtout, afin que chacun soit rendu à sa propre estime ; afin que l’excès du malheur n’étouffe plus chez personne les nobles aspirations de la pensée et les jouissances d’un légitime orgueil ; afin qu’il y ait place pour tous dans le domaine de l’éducation et aux sources de l’intelligence ; afin qu’il n’y ait plus d’homme asservi, absorbé par la surveillance d’une roue qui tourne, plus d’enfant transformé pour sa famille en un supplément de salaire, plus de mère armée par l’impuissance de vivre contre le fruit de ses entrailles, plus de jeune fille réduite, pour avoir du pain, « à vendre le doux nom d’amour ! » Nous voulons que le travail soit organisé, afin que l’âme du peuple, — son âme, entendez-vous ? — ne reste pas comprimée et gâtée sous la tyrannie des choses !

Pourquoi séparer ce qu’il a plu à Dieu de rendre, dans l’être humain, si absolument inséparable ? Car enfin, la vie est double par ses manifestations, mais elle est une par son principe. Il est impossible d’attenter à l’un des deux modes de notre existence sans entamer l’autre. Quand le corps est frappé ; n’est-ce point l’âme qui gémit ? La main de ce mendiant tendue vers moi, me révèle la déchéance forcée de sa nature morale, et dans le mouvement de cet esclave qui s’agenouille, qui tremble, je découvre l’abaissement de son cœur.

Comment la vie ne serait-elle pas respectable dans chacun de ses modes ? N’est-ce pas de la mystérieuse intimité de l’âme et du corps que résulte l’être humain ?