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INTRODUCTION.

travaillant ou mourir en combattant ! Non, non. La vie, le travail, toute la destinée humaine tient dans ces deux mots suprêmes. Donc, en demandant que le droit de vivre par le travail soit réglé, soit garanti, on fait mieux encore que disputer des millions de malheureux à l’oppression de la force ou du hasard : on embrasse dans sa généralité la plus haute, dans sa signification la plus profonde, la cause de l’être humain ; on salue le Créateur dans son œuvre. Partout où la certitude de vivre en travaillant ne résulte pas de l’essence même des institutions sociales, l’iniquité règne. Or, celui-là ne saurait faire acte d’égoïsme qui se raidit contre l’iniquité, fût-il seul au monde à en souffrir ; car, en ce moment, il représente toutes les douleurs, tous les principes, et il porte l’humanité dans lui.

Loin d’accuser des préoccupations matérialistes, l’Organisation du travail en vue de la suppression de la misère, repose sur le spiritualisme le mieux senti. Qui l’ignore ? La misère retient l’intelligence de l’homme dans la nuit, en renfermant l’éducation dans de honteuses limites. La misère conseille incessamment le sacrifice de la dignité personnelle, et presque toujours elle le commande. La misère crée une dépendance de condition à celui qui est indépendant par caractère, de sorte qu’elle cache un tourment nouveau dans une vertu, et change en fiel ce qu’on porte de générosité dans le sang. Si la misère engendre la souffrance, elle engendre aussi le crime. Si elle aboutit à l’hôpital, elle conduit aussi au bagne. Elle fait les esclaves ; elle fait la plupart des voleurs, des assassins, des prostituées.

Nous voulons donc que le travail soit organisé