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DU TRAVAIL.

sont riches, mourraient de faim. M. Louis Blanc et ses amis croient, il est vrai, le contraire ; ils se flattent de faire croître un autre arbre magnifique, sous l’ombrage duquel le genre humain trouverait un abri plein de charmes, et dont la sève abondante fournirait une délicieuse substance aux hommes. Examinons s’ils ne se trompent pas. Voyons si le rameau qu’ils se proposent de planter en terre pourrait y puiser quelques sucs nourriciers, s’il a force de vie, si les lois de la nature humaine ne le condamneraient pas aussitôt à dessécher et à périr.

« Quiconque trace un système de réorganisation sociale s’inspire d’idées philosophiques exactes ou non, et de données bonnes ou mauvaises sur le cœur humain, à son insu, quand il a la vue courte et l’esprit pauvre, sciemment et de propos délibéré quand il a une tête pensante. Nous rangeons M. Louis Blanc dans la seconde catégorie, et nous lui demanderons à lui-même quel est son point de départ.

« Les idées-mères de M. Louis Blanc, celles qui percent à chaque instant dans son livre, sont les deux suivantes.

« 1o Les sociétés humaines peuvent se gouverner principalement, sinon absolument, par le sentiment du devoir. L’intérêt personnel n’est qu’un ressort d’une importance secondaire ; le progrès social et individuel, le développement de la prospérité publique et privée n’exigent pas impérieusement qu’on le mette énergiquement en jeu. Il n’est pas nécessaire de l’exciter directement. Un