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DU TRAVAIL.

vailleur à l’accroissement des bénéfices dont il doit toucher une partie. Mais quoi ! est-ce qu’il n’y a pas dans tout intérêt collectif un stimulant très-énergique ? Est-ce que ce n’est pas à un intérêt d’honneur collectif que se rapporte, dans l’armée, la fidélité au drapeau ? Est-ce que ce n’est pas sous l’influence d’un intérêt collectif de gloire qu’on a vu des millions d’hommes courir avec enthousiasme au-devant de la mort ? Est-ce que ce n’est pas un sentiment collectif qui a enfanté l’omnipotence du catholicisme, fondé toutes les grandes institutions, inspiré toutes les grandes choses, produit tous les actes par lesquels a éclaté dans l’histoire la souveraineté du vouloir de l’homme ? Est-il donc sans puissance, cet intérêt qui nous rend si jaloux de la dignité de notre nation, cet intérêt collectif qui s’appelle la patrie ? Et lorsqu’on l’a mis si complètement au service de la destruction et de la guerre, comment nous persuadera-t-on qu’il est à tout jamais impossible de le mettre au service de la production et de la fraternité humaine ?

Que ceci reste bien entendu : nous ne prétendons pas le moins du monde qu’on immole à l’émancipation du peuple la personnalité humaine, les droits de l’individu ; mais nous demandons que, par une application à la fois prudente et large du principe d’association, l’individu se trouve naturellement amené à associer au bien de ses semblables son espérance et ses désirs.

L’intérêt personnel veut être pris en sérieuse considération ? Oui, certainement ; et c’est pour