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DU TRAVAIL.

n’y aurait plus dans la société cette foule d’êtres parasites qui vivent aujourd’hui du désordre universel, lorsque la production ne s’accomplirait plus dans les ténèbres et au sein du chaos, ce qui entraîne l’encombrement des marchés et a fait dire à de savants économistes que, dans les États modernes, la misère provenait de l’excès même de la production ! Tout le monde mourrait de faim, lorsque, la concurrence disparaissant, nous n’aurions plus à déplorer cette incalculable déperdition des capitaux, laquelle résulte aujourd’hui des magasins qui se ferment, des ateliers qui s’écroulent, des faillites qui se succèdent, des marchandises qui restent invendues, des ouvriers qui chôment, des maladies qu’enfantent chez la classe laborieuse l’excès et la continuité du travail, de tous les désastres en un mot, qui naissent d’une compétition désordonnée, immense, universelle !

Il faut absolument que M. Michel Chevalier se rassure… du moins en ce qui concerne l’application de nos idées ; car il n’y a que trop lieu de s’effrayer à l’aspect du régime social actuel abandonné à son développement. Il me serait certes bien facile de prouver que ce régime n’assurant au peuple aucune garantie de bien-être, condamne la société à une existence aléatoire ; que cette liberté d’industrie dont on se vante n’existe que pour les possesseurs des instruments de travail ; qu’elle laisse le pauvre à la merci du hasard ; qu’elle se compose d’oppression et d’anarchie ; qu’elle ne fait qu’ajouter à la force des forts, à la richesse des riches, au crédit de ceux auxquels il